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Bien vivre dans le Gers
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19 novembre 2011

Les animaux d'élevage malades des antibiotiques

Un article de Catherine Vincent du Monde du 18/11/2011


Les animaux d'élevage malades des antibiotiques

La France lance un plan pour réduire leur utilisation

de 25 % en cinq ans.

Objectif : limiter l'apparition des résistance


Mobilisation générale autour des antibiotiques. A l'occasion de la 4e Journée européenne de sensibilisation à l'antibio-résistance, vendredi 18 novembre, la Commission européenne a annoncé, jeudi, les grandes lignes de sa nouvelle stratégie quinquennale sur la résistance aux antimicrobiens.

Dans une résolution, adoptée en cession plénière le 27 octobre, le Parlement européen avait appelé à renforcer la lutte dans ce domaine, tant en matière de médecine humaine que vétérinaire. La Commission européenne confirme l'augmentation, dans la plupart des pays de l'Union, de " la résistance aux antibiotiques de dernier recours ", c'est-à-dire employés contre des agents pathogènes humains problématiques.

Jeudi, le ministère français de l'agriculture, de son côté, présentait un plan national de réduction des risques d'antibio-résistance en médecine vétérinaire. L'objectif : " Réduire de 25 % en cinq ans la consommation des antibiotiques destinés aux animaux " d'élevage et de compagnie, tout en développant les alternatives qui permettent de préserver la santé animale.

Dans les deux cas, une même priorité : préserver de manière durable l'efficacité de l'arsenal thérapeutique. Une nécessité d'autant plus vitale que la perspective de développement de nouveaux antibiotiques en médecine humaine semble actuellement très limitée. Et que, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, 25 000 décès par an en Europe sont causés par des agents infectieux devenus résistants.

Pourquoi, dans ce contexte, se pencher sur l'usage des antibiotiques en médecine vétérinaire ? Parce que d'importantes quantités d'antibiotiques appartenant aux mêmes catégories que ceux utilisés chez les humains sont régulièrement administrés à des animaux d'élevage, à des fins thérapeutiques ou préventives.

" Cette pratique favorise l'émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques qui peuvent se propager parmi les humains par la consommation de nourriture contaminée, par des contacts directs avec les animaux ou par la dissémination de ces pathogènes dans l'environnement ", rappelle le docteur Awa Aidara-Kane, coordinatrice du groupe de surveillance de résistance antimicrobienne à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

Afin de réduire la propagation des salmonelles, staphylocoques dorés et autres bactéries devenues résistantes aux traitements, l'Union européenne, depuis 2006, interdit toute utilisation d'antibiotiques en élevage pour stimuler la croissance des animaux.

Cette restriction, à l'évidence, ne suffit pas à limiter l'expansion des résistances. De plus, le recours vétérinaire aux antibiotiques n'est pas appliqué avec la même parcimonie dans tous les pays d'Europe.

C'est pourquoi un nombre croissant d'experts recommandent désormais de renoncer progressivement à l'emploi préventif de ces médicaments. Voire de permettre l'usage vétérinaire d'antibiotiques de dernier recours dans le seul cadre d'une autorisation, accompagnée d'une surveillance de la résistance.

Réduire de 25 % en cinq ans la consommation française des antibiotiques destinés à l'élevage ? Plus facile à dire qu'à faire. Relever le défi en continuant à protéger la santé animale ne se fera pas en un jour, et impliquera sans doute d'importants changements dans la manière de penser la santé animale.

" Au plan des connaissances, plusieurs progrès sont déjà en oeuvre. On ne traite plus de la même manière qu'avant, par exemple, une affection pulmonaire ou une diarrhée chez le veau ", précise Thierry Pineau, responsable du département santé animale de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), pour qui " plus les vétérinaires sont présents dans les élevages, plus ils conseillent les agriculteurs et plus l'usage des antibiotiques peut être restreint ".

Pour ce spécialiste, l'un des grands enjeux actuels est de détecter plus précocement les infections. " La médecine des animaux d'élevage est une médecine de population. Lorsque plusieurs dizaines de bovins sont ensemble, et que l'on détecte des troubles comportementaux - signes d'une infection - chez l'un d'entre eux, il a généralement déjà contaminé une partie de ses congénères ", explique-t-il.

Résultat : on utilise souvent plus d'antibiotiques pour traiter les individus malades qu'on ne l'aurait fait en traitant en amont, à petites doses, l'ensemble du troupeau.

D'autres paramètres sont également à l'étude. " Mieux vacciner les animaux, mieux les nourrir afin de renforcer leurs défenses immunitaires, optimiser l'organisation des élevages intensifs ", détaille Gilles Salvat, directeur de la santé animale à l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses).

Au total, les quarante mesures prévues par le ministère de l'agriculture se déclinent en cinq axes : promouvoir les bonnes pratiques (usage raisonné des antibiotiques) ; développer des alternatives ; renforcer l'encadrement et réduire les pratiques à risque ; conforter le dispositif de suivi de la consommation des antibiotiques ; et promouvoir les approches européennes et les initiatives internationales.

Avant d'être mises en oeuvre, certaines d'entre elles feront l'objet d'une étude d'impact et d'évaluation scientifique complémentaire. L'Anses, qui coordonnera ces travaux, rendra ses conclusions en 2013.

 


La résistance aux carbapénèmes augmente en Europe


 

Les données de surveillance que vient de publier le Centre européen pour la prévention et le contrôle des maladies (ECDC) montrent que la résistance de l'agent infectieux Klebsiella pneumoniae aux carbapénèmes, des antibiotiques employés en dernier recours en médecine, augmente de façon inquiétante : de 15 % à 50 % dans certains Etats. Alors que cette résistance, en 2009, était surtout signalée en Grèce, en Italie et à Chypre, elle croît désormais également en Autriche et en Hongrie. K. pneumoniae, responsable de pneumonies et d'infections urinaires, est une cause fréquente d'épidémies nosocomiales.


Lapins, porcs, volailles, premières cibles d'un usage massif


1 067 tonnes d'antibiotiques vétérinaires ont été vendues en France en 2009. Quatre familles (les tétracyclines, les sulfamides, les pénicillines et les macrolides) représentent plus de 80 % du total des ventes.

+ 12,6 %

C'est l'augmentation de l'exposition des animaux aux antibiotiques entre 1999 et 2009, avec une légère baisse observée toutefois en 2009 (- 3,9 %). Elle est calculée en rapportant les estimations de poids vifs traités et la masse de la population animale potentiellement consommatrice. Espèces concernées : Elles le sont toutes, mais les lapins, les porcs et les volailles sont les plus exposés à un usage massif.


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